[Finalement, je vais faire ça en narration.]
Etendue dans ma tanière, je fixais le sol. La mort de ma mère avait ravivé une plaie qui ne guérira jamais, une plaie causée par la mort de mon père, de mes frères et de ma soeur. C'est mon coeur qui est blessé, et rien ne peut le guérir. J'avais d'autres soucis : la Meute ne comptait que très peu de membres. Il y avait heureusement une guérisseuse formidable et je savais avoir choisi la meilleure des lieutenantes. Mes deux meilleures amies, Lune Dorée et Croc de Cristal, occupaient ces postes. Mon autre problème ? Je devais rapidement trouver un compagnon. Je ne pouvais pas assurer seule la fonction de couple alpha. De COUPLE alpha. À deux, c'est pas compliqué à comprendre. Mais aucun des mâles de ma meute n'attirait mon attention sur ce point.
Epuisée, je posai ma tête sur mes pattes pour faire une petite sieste. J'en avait trop besoin. Pourtant, il m'était impossible de plonger dans le monde du sommeil. Peut-être parce qu'il faisait encore jour. je soupirai : le problème quand on est chef et qu'on n'a pas encore de compagnon, c'est qu'on doit dormir seul dans sa tanière. Et je n'y arrivait pas. Après la mort de mon père et de mes frères et soeur, ma mère m'autorisait à dormir avec elle pour que je me sente moins seule. En vérité, c'était surtout pour qu'ELLE se sente moins seule. C'est pour ça que j'acceptait à chaque fois.
Je n'en pouvait plus. Je ne pouvait pas dormir et je n'avait aucune envie de rester là à ne rien faire. Je me levai, étirant mes pattes, puis je quittai la tanière. Je m'éclipsai discrètement vers la forêt où je me mis à courir. Tous mes soucis s'envolèrent, je me sentait aussi libre qu'un oiseau. Ce n'était pas moi qui volait, mais mon coeur. C'était peut-être sa façon de se guérir, qui sait. Je me souvint alors d'un endroit où ma mère m'emmenait souvent. Ce qu'on appelle dans la meute "le Lac", ou, pour ceux qui aiment y aller, "le Grand Lac". Ma mère et moi l'avons renommé "le Grand Lac du Sud". Il y a dans un coin plein d'arbres un petit massif de buissons qui donne sur l'eau. Je m'y glissai avec aisance et m'y allongeai pour contempler l'eau calme, presque gelée. C'était si beau...
Soudain, j'entendis une branche craquer derrière moi. Peut-être un membre de la meute inquiet de ma disparition ? Ou alors un ennemi ? Jamais personne de la Meute de l'Aurore n'avait découvert ma cachette secrète, mon lieu de repos et de réflexion, là où j'oubliait tous mes problèmes. Je me levai et me retournai, me demandant sur qui j'allais tomber.